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front national - Page 13

  • La France en guerre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien de Renaud Camus avec La voix de la Russie, publié cet été et consacré à la question de l'immigration et de ses conséquences...

    Renaud Camus est l'auteur, notamment, de plusieurs essais importants comme Le grand remplacement (David Reinharc, 2011), Décivilisation (Fayard, 2011) ou Le communisme du XXIème siècle (Xenia, 2007).

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    La France est en guerre et personne ne veut le dire

    Où voyez-vous des actes de guerre en France qui rappellent le début de la guerre d'Algérie ?

    Ce qui rappelle le début de la guerre d’Algérie c'est l’extrême euphémisation du discours imposé par le complexe médiatico-politique. On disait « les évènements », on dit « les affrontements ». Le caractère de conflit territorial est totalement nié.

    Pourquoi êtes-vous en colère contre les médias?

    Parce qu’ils imposent (presque) unanimement un système de lecture du monde qui est une formidable machine à ne pas voir, à ne pas dire, à ne pas comprendre. L’antiracisme, car c’est de lui qu’il s'agit, depuis qu’il a cessé d’être une morale pour se transformer en idéologie, en endoctrinement, en instrument de pouvoir et de répression, est devenu ce que j’ai appelé, empruntant l’expression à Alain Finkielkraut, Le Communisme du XXIe siècle (éditions Xénia). Il sert, menaces à l’appui, à dissimuler ce qui survient : à savoir le changement de peuple, le Grand Remplacement, la contre-colonisation.

    Pourquoi avoir fondé un parti politique ?

    Parce qu’il n’en existait aucun qui répondît à l’urgence de la situation et nommât ce qui arrive, la conquête du territoire. Il y avait bien le Front national, qui au moins paraissait conscient de la réalité des choses, mais la présence à sa tête de Jean-Marie Le Pen, à l’époque, empêchait de s'en rapprocher, a fortiori d’y adhérer.

    Pourquoi vos maisons d'édition ont arrêté votre contrat?

    Ça, c’est plutôt à elles qu’il faut le demander…

    Est-ce que la France est une terre d'immigration depuis des siècles?

    Absolument pas. C’est l'une des plus cyniques inventions de l’historiographie collaborationniste, au service du parti dévot. Entre le VIe et le XXe siècle, la France a eu une population aux composantes stables. Une première vague d'immigration se manifeste à partir de la fin du XIXe siècle, mais c’est encore une immigration d'individus, et facilement assimilables en une ou deux générations parce que de même civilisation, chrétienne et européenne : Belges, Italiens, Polonais. L’immigration de masse ne commence qu’avec le dernier tiers du XXe siècle et très vite il n’est plus question d’intégration car si la France a toujours su et pu intégrer des individus, elle ne peut pas intégrer des peuples, surtout s’ils appartiennent à des civilisations totalement étrangères à la nôtre et souvent hostiles.

    Faut-il créer comme sous le modèle de De Gaulle un gouvernement des Forces françaises libres?

    Nous n’en sommes pas là. De vastes parties du territoire sont encore sous le contrôle du gouvernement national. Le problème est qu’il est lui-même largement entre les mains d'inconscients ou de cyniques, qui s’accommodent très bien de la colonisation en cours ou qui la favorisent.

    Assistons-nous à la réécriture de l'Histoire de France ?

    Ah ça, totalement. Elle est grandement favorisée par la Grande Déculturation, l’effondrement du système d'éducation, l’enseignement de l’oubli, l’industrie de l’hébétude.

    Pourquoi les populations maghrébines veulent à tout prix venir en France alors qu'elles ont chassé la France de leurs pays ?

    Quand les Russes ont chassé les Français de Russie, en 1812, ils les ont poursuivis jusqu’à Paris. Mais ils ne sont restés que deux ou trois ans. Et ils n’étaient qu’une armée, pas un peuple.

    Est-ce que la France est comme le Kosovo avec des zones musulmanes, africaines et chrétiennes ?

    La France moderne s’ingénie à devenir ce que la France classique s’est évertuée des siècles durant à ne pas être, une ex-Yougoslavie, des Balkans, un autre Liban, un panier de crabes.

    Puisque nous parlons de populations différentes. Parlez-nous du traitement des statistiques sur la démographie!

    Statistiques et sociologie sont au parti dévot ce que la biologie de Lyssenko était au stalinisme.

    Avez-vous lu  « Les Yeux grands fermés » de Michèle Tribalat? Votre avis ?

    Une des rares voix clamant dans le désert, comme celle de Richard Millet en littérature.

    Les immigrés disent être plus français que les Français et nomment les Français «souchiens ou sous-chiens». Cela vous choque?

    C’est peut-être vrai de quelques milliers d’entre eux, qui aiment plus la France que ne l’aiment ses indigènes déculturés. De la part des autres, ce n'est qu'une revendication territoriale — cela ne fait que me confirmer dans ce que je pense : qu'une conquête est en cours, par colonisation de peuplement.

    Que pensez-vous du rôle des organisations humanitaires qui comme le Mrap interdisent de parler des faits?

    Qu’elles sont les auxiliaires intéressées du Grand Remplacement.

    Le fait que Poutine interdise de telles organisations en Russie est donc une bonne idée ?

    Il n’est pas nécessaire de les interdire. Il suffit de ne pas les subventionner.

    Renaud Camus, propos recueillis par Olivier Renault (La voix de la Russie, 20 août 2012)

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  • Vers la guerre civile ?...

    Tous les observateurs sérieux le sentent : la colère monte dans notre pays. Nous reproduisons ci-dessous un éditorial de Robert Ménard pour Boulevard Voltaire qui traduit bien le climat actuel...

     

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    Vers la guerre civile ?

    Deux récents « faits divers » pourraient bien, a posteriori, apparaître comme les prémices d’une guerre civile. Rappelez-vous, il y a quelques semaines, à Marseille, des heurts opposaient des Maghrébins de la cité des Créneaux, dans les quartiers Nord de la cité phocéenne, à des Roms venus installer leur campement près de chez eux. Les premiers avaient pris le dessus.

    Le 27 octobre dernier, dans les rues de Hellemmes, en banlieue de Lille, une grosse centaine d’habitants a pris en chasse le maire de la ville, bien décidée à lui dire son fait après l’ouverture d’un village d’insertion pour Roms.L’édile a dû prendre la fuite.

    J’en suis persuadé, ce n’est qu’un début. Ces réflexes d’autodéfense sociale vont se multiplier tant le peuple se sent abandonné par les élus, ignoré par les médias, méprisé par les élites. Et convaincu, dorénavant, qu’il devra assurer lui-même sa tranquillité et son avenir. Pour son bien mais au risque de faire voler en éclats un ordre social qui ressemble de plus en plus, sous les coups de boutoir du laisser-aller prôné par les partis qui se partagent à tour de rôle le pouvoir, à un désordre social dont ce même peuple est le premier à faire les frais.

    D’ici peu, le vote pour le Front national apparaîtra comme une réponse posée, réfléchie et républicaine — n’en déplaise à certains — à l’exaspération, au ras-le-bol du plus grand nombre face à la poursuite d’une immigration dont ils ne veulent plus. Aussi, on est en droit de s’interroger : ne joue-t-on pas avec le feu quand on fait tout pour réduire, marginaliser la représentation du parti de Marine Le Pen dans les différentes assemblées… alors que, selon les enquêtes d’opinion les plus sérieuses, près de 40% des Français se sentent proches du FN ? Il serait même le premier parti en termes d’adhésion à des idées !

    On pourrait bien, d’ici quelques années, regretter d’avoir classé les heurts de Marseille et Hellemmes dans la rubrique des « faits divers »

    Robert Ménard (Boulevard Voltaire, 5 novembre 2012)

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  • Tour d'horizon... (32)

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    Au sommaire cette semaine :

    - dans Le Monde, l'avocat Michel Guénaire plaide pour un rapprochement de l'UMP et du Front national...

    Une refondation qui passe par l'intégration d'un FN dédiabolisé

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    - sur Valeurs actuelles, Alain Moyne-Bressan, député de l'Isère, propose de créer un territoire autonome  pour les Roms entre la Bulgarie et la Roumanie afin de tenter de stabiliser ces populations...

    Un territoire pour les Rom ?

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  • Voyage au pays de l'essentialisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Pierre Bérard, cueilli sur le site de La Droite strasbourgeoise. Membre fondateur du G.R.E.C.E., ami et disciple de Julien Freund, Pierre Bérard est un collaborateur régulier de la revue Éléments 

    humanité 25-08-1939.jpg

     

    Le journal Le Monde publiait récemment la tribune d’un professeur d’histoire, Bruno Belliot, titrée « Le Front de Gauche est un mouvement républicain, contrairement au FN ». Faisant le procès de l’UMP et du FN tout en dédouanant les angéliques du PC et du FdG français, cette tribune contenait tout l’argumentaire médiatique habituel sur l’incompatibilité du FN et de la République, colporté tant par certains politiques ignorants que par des journalistes incultes qui mettent leur complaisance au service d’une cause inavouable : la nostalgie du totalitarisme stalinien. Sa participation au camp des vainqueurs de 1945 n’empêche pas, en effet, le PCF de s’être rendu coupable de complicité avec la tyrannie.

    Le sens de l’affaire est limpide, toujours et encore culpabiliser le camp de la « droite » : « C’est pourquoi, il m’est intolérable d’entendre, de lire (comme de voir dessiner), qu’un parallèle peut être fait entre Mélenchon, les communistes, les candidats du Front de Gauche et l’extrême droite du FN. Et que par conséquent, la droite n’aurait pas à rougir de ses alliances avec le FN puisque le PS s’allie avec le Front de Gauche. »

    Ainsi, nous démontrons ci-dessous non seulement l’inanité de cette culpabilisation mais démontons du même coup la notion de « droite républicaine » dont la signification reste à démontrer si l’on veut dire par là qu’il existerait en 2012 une droite qui ne le serait pas.

    La Droite strasbourgeoise

     

    Front de Gauche/FN : Voyage au pays de l’essentialisme

    Alors que tout change, y compris l’extrême gauche passée en 40 ans de la défense héroïque du grand soir prolétarien à celle lacrymale des sans papier, « armée de réserve » du capital qui exerce une pression discrète mais constante à la baisse des petits salaires (sinon on se demande bien pourquoi madame Laurence Parisot aurait, sur ce point, les mêmes idées immigrationnistes que messieurs Krivine et Mélanchon). Certes, on peut toujours s’évertuer à penser que la dirigeante du MEDEF est secrètement passée du coté obscur de la force et qu’elle contraint ses amis à cultiver une forme peu banale de masochisme altruiste. Hypothèse peu probable, reconnaissons-le. Tout change donc : le « socialisme » démocratique acquis, via l’Europe, depuis deux ou trois décennies au social-libéralisme, comme le « gaullisme » qui a renoncé à l’indépendance et au dogme du peuple souverain.

    Tout change, sauf bien sûr l’extrême droite vue par Bruno Belliot, membre du Front de Gauche. Impavide, elle est semblable à elle même, immobile et pétrifiée comme les années trente du XX siècle en ont donné la définition rituelle , guettant dans l’ombre (évidemment) l’heure de sa revanche, ourdissant des complots comme celui de la Cagoule, collaborant avec l’ennemi durant l’occupation, se relevant avec le poujadisme puis l’OAS pour finir par renaitre avec le Front National. Elle est là, figée, telle que la vulgate médiatique en fait le portrait, une vulgate inspirée par l’antifascisme stalinien qui nous ressert toujours le même plat continûment réchauffé depuis 80 ans, comme l’a très bien montré François Furet. Cette paresse a fini par s’inscrire comme un habitus dans nos moeurs et nos tics de langage.

    Pourtant, en ce qui concerne le procès le plus sévère instruit contre l’extrême droite, sa collaboration avec le régime nazi ou ses soit-disant affidés, qu’en est-il ? 

    Pour ce qui est de la résistance et de la collaboration, puisque c’est sur ce sombre épisode que s’enrochent la plupart des mythes fondateurs de l’histoire sainte dont se réclame Bruno Belliot, rappelons quelques faits marquants qui n’appartiennent nullement à une vision révisionniste de l’histoire. C’est le 26 septembre 1939 que le Parti Communiste est interdit par le gouvernement dirigé par un des chefs du Front Populaire, Édouard Daladier. Pour quelle raison ? Parce que en bon disciple stalinien il continue d’approuver le pacte Germano-Soviétique d’août 1939 qui permettra le dépeçage de la Pologne, alliée de la France, entre les deux contractants. Passé dans la clandestinité, Jacques Duclos, un des principaux dirigeants du PCF, diffuse le premier octobre 1939 une lettre ouverte invitant le gouvernement à entamer des négociations de paix avec l’Allemagne hitlérienne qui étant pour l’heure l’alliée de l’URSS ne représente plus le condensé de la menace fasciste. C’est à la même époque que Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, déserte face aux armées nazies, pour rejoindre la « patrie des travailleurs » (et du Goulag), ce qui lui vaut une condamnation à mort et la déchéance de la nationalité française.

    Plus tard, la défaite de la France étant consommée, Jacques Duclos entre en contact dès le 18 juin 1940 avec les autorités allemandes d’occupation tout juste installées pour entreprendre une négociation. Dans quel but ? Permettre au Parti d’être à nouveau autorisé sur la base d’une bonne entente entre le peuple français et l’armée d’occupation. Duclos propose même d’orienter la propagande du Parti dans le sens d’une lutte contre le grand capital anglais et contre sa guerre impérialiste. Les allemands ne sont pas preneurs.

    Ce n’est qu’en Juin 1941 que l’extrême gauche communiste entre dans la résistance active suivant en cela ses sponsors. L’Allemagne ayant en effet décidé d’attaquer l’URSS. Dans cette résistance active, les communistes arrivent bien tard pour y retrouver des hommes qui venaient souvent de l’extrême droite. Comment, en effet, qualifier autrement les partisans de la monarchie tels Daniel Cordier (secrétaire de jean Moulin), le célèbre colonel Rémy (premier agent gaulliste en France occupée), De Vawrin (chef des services secrets de la France libre). Ou encore des cagoulards comme Guillain de Benouville (dirigeant du mouvement Combat) et des centaines d’autres affreux tels Honoré d’Estienne d’Orves fusillé un mois après Guy Moquet, célébré par Sarkozy ( à la suite du parti Communiste) et qui ne fut jamais résistant…

    Il suffit de lire les deux livres que l’historien israélien Simon Epstein a consacré à cette période pour abandonner tout schéma manichéen, schéma auquel s’accroche désespérément Bruno Belliot pour nous conter sa fable d’une France coupée en deux avec d’un coté les représentants du Bien et de l’autre ceux du Mal, c’est à dire l’extrême droite éternelle.

    Dans « Les Dreyfusards sous l’Occupation » (2001) puis dans « Un paradoxe français » (2008), il montre, liste de noms à l’appui, que dans leur immense majorité les dreyfusards, anti-racistes, généralement pacifistes de gauche s’engagèrent dans la collaboration, tandis que nombre d’antidreyfusards et antisémites appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la droite radicale germanophobe s’engagèrent dans la résistance et la France libre. Or ce paradoxe, on le comprend aisément, est peu abordé par l’histoire académique, prudente jusqu’à la couardise, permettant à une doxa politiquement correcte de prospérer sur les non dits de l’histoire savante. ce qui permet qu’aujourd’hui encore fleurissent des absurdités comme cette apologie du Front de Gauche intégrant trotskistes et communistes, dont peu, même dans une « droite » gagnée par la lâcheté, ose remettre en question les énoncés falsifiés. N’en reste pas moins vrai que les quatre cinquième de la chambre du Front Populaire ont accordé à un vieux maréchal, que sa réputation de laïque républicain plaçait au dessus de tout soupçon, les pleins pouvoirs. Il y avaient très peu de députés d’extrême droite, pourtant, dans cette assemblée. 

    Quant à la reconnaissance du Parti Communiste comme parti républicain par le général de Gaulle en 1943-1944, avait-il le choix ? Il lui fallait composer avec une force majeure à l’époque. Son réalisme politique a contribué à mettre en selle un parti qu’il s’est empressé de combattre à partir de 1947 (création du RPF). De même, n’est ce pas un récipiendaire de la francisque qui nomma en 1981 des ministres communistes dans son gouvernement pour mieux étouffer un parti qui devait plus tard ramasser les dividendes putrides de son long flirt avec une URSS désormais honnie? Ce qui montre bien que la reconnaissance de tel parti comme « parti républicain » est avant tout une question de rapport de force. Le statut « républicain » accordé à un parti n’a que très peu de rapport avec les vérités de la science politique et beaucoup à voir avec la « realpolitik » de l’époque. Les définitions de la République sont évasives, comme tout ce qui ressort de la condition humaine. Chacun devrait savoir que depuis 1793, la République a changé de signification. En faire une monade surplombant dans le ciel le monde des Idées est une niaiserie platonicienne. 

    Pierre Bérard (La Droite strasbourgeoise, 3 juillet 2012)

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  • Pas d'union nationale possible ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur Europe Maxima et consacré à une intéressante réflexion sur les mirages de l'union nationale... Auteur de plusieurs ouvrages, Georges Feltin-Tracol a notamment publié Orientations rebelles (Heligoland, 2009) et Réflexions à l'est (Alexipharmaque, 2012).

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    Pas d'union nationale possible !

     

    La dernière campagne présidentielle marquée par l’élection du socialiste François Hollande a confirmé une triste habitude. Lors de l’entre-deux-tours et dans l’attente fatidique du résultat du 6 mai, une partie de ce que les commentateurs appellent la « droite de conviction » s’accoquina au sarközysme déclinant. Le désormais célèbre numéro de Minute (1) dans lequel s’exprimait le renégat occidentaliste Gérard Longuet témoigne pleinement de cette affligeante dérive.

    Cette tendance ne remonte pas au soir du 22 avril 2012. Quand on se penche sur cette frange droitière attirée par les sirènes sarközystes, on y retrouve sans surprise l’éternelle mouvance nationale, catholique, conservatrice et libérale qui se manifeste depuis deux siècles au côté de l’orléanisme félon (pléonasme !), des fusilleurs des Canuts lyonnais de 1831, des massacreurs des ouvriers parisiens de juin 1848, des assassins de la Commune de 1871, de Guizot, de Cavaignac, du « Parti de l’Ordre », de Thiers… Ce courant s’est maintenu jusqu’à nos jours par des travestissements successifs, des radicaux aux « nationaux » en passant par les opportunistes gaullistes qui soutinrent Pinay contre l’avis de De Gaulle en 1951 (2).

    Comme pour la présidentielle, et à l’exception de quelques situations particulières, les législatives n’ont pas favorisé la moindre esquisse d’une quelconque « union nationale » contre Hollande entre une « droite » institutionnelle faillie et une opposition « mariniste » ou « frontiste ». La présente droite, celle du « Siècle », aimerait principalement récupérer les électeurs et, peut-être, les cadres de « Marine », mais surtout pas les militants et leurs idées. Elle mise pour cela sur la complicité des « droitards » qui devraient comprendre que, contrairement à ce que disent les médias officiels, le vote en faveur de Marine Le Pen n’est « plus seulement un vote de sanction ou d’avertissement mais de plus en plus un vote d’adhésion (3) ». Entre cet électorat relativement aisé, conservateur, âgé, et l’électorat mariniste, plus jeune, plus féminisé, plus actif, existe dorénavant une véritable béance géographique, culturelle, sociale et générationnelle  et ce ne sont pas les appels intéressés à l’« union nationale » qui la combleront. Une telle perspective serait même la pire des choses.

    L’histoire politique française montre que l’union nationale tant en période électorale qu’en temps de guerre nuit toujours à ce que l’historien israélien des idées Zeev Sternhell a nommé la « droite révolutionnaire » (4) et qu’il serait préférable d’appeler « radicalités non-conformistes ». Doit-on rappeler que l’« Union sacrée » de l’été 1914 à laquelle se soumit Charles Maurras entama la longue fin de l’Action française (5) ? Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les dissidents tant à Alger (Henri Frenay) qu’à Vichy avec « les non-conformistes des années 1940 » (6) se retrouvèrent écartés au profit des communistes, des technocrates et des politiciens revenants de la IIIe République. Pendant la Guerre d’Algérie, de nombreux « révolutionnaires de droite » apportèrent leur soutien au résident de Colombey-les-Deux-Églises avec le dépit qui en résulta. À chaque fois, la « droite révolutionnaire » est flouée. Il est temps que cessent ces tromperies. Plutôt que d’être les auxiliaires zélés de la Banque et de la Bourgeoisie, les milieux militants identitaires devraient développer un discours radical cohérent et total.

    Des exemples étrangers récents démontrent la pertinence de ce positionnement. En Grèce, le L.A.O.S. (Alarme orthodoxe populaire) de Georgios Karatzafaris participa un trimestre au gouvernement d’union nationale de Loukas Papadimos en compagnie de Nouvelle Démocratie (droite) d’Antonis Samaras et du P.A.S.O.K. (socialiste). Mais, face à l’exaspération populaire croissante, les ministres du L.A.O.S. démissionnèrent du gouvernement avant l’approbation d’un nouveau plan d’austérité, le 10 février 2012. Toutefois, l’un d’eux, Makis Voridis, quitta son parti pour Nouvelle Démocratie. Il sauva ainsi son siège de député, car, aux législatives du 6 mai 2012, les citoyens désavouèrent la décision de Karatzafaris en ne renouvelant aucun mandat du L.A.O.S. au Parlement. Près de 7 % des Grecs préférèrent en revanche voter pour L’Aube dorée de Nikolaos Michaloliakos au programme détonnant. Les nouvelles législatives du 17 juin dernier ont confirmé l’audience du mouvement radical grec malgré une intense campagne d’hostilité médiatique (7).

    En Italie, les dernières élections municipales partielles ont concerné une dizaine de millions d’électeurs. Elles ont vu l’effondrement de la Ligue du Nord d’Umberto Bossi et le surgissement d’un singulier mouvement « anti-politique ». Plus d’une décennie d’entente étroite et de compromissions multiples avec le parti libéral-conservateur de Silvio Berlusconi a gravement perturbé le fonctionnement interne de la Lega Nord. Fort opportunément, des scandales financiers viennent d’éclabousser Bossi et ses proches. Son fils Enzo – qu’il surnomme « la Truite » du fait de son triple échec au bac (!) – s’était acheté un diplôme universitaire en Albanie et plusieurs belles voitures aux frais du parti régionaliste padanien. La vice-présidente liguiste du Sénat avait, elle, offert à son jeune amant un appartement et de l’argent venu des contribuables.

    Les électeurs agacés ont désavoué la Lega qui perd de nombreuses mairies et deux tiers des suffrages ! Désabusés, les Italiens qui ne se sont pas abstenus ont distingué le Mouvement Cinq Étoiles de l’humoriste Giuseppe « Beppe » Grillo. Provocateur, adversaire véhément de la partitocratie, contempteur des institutions, chantre de la démocratie directe, partisan de la sortie de la Péninsule de l’euro, les médias du Système catalogue Beppe Grillo parmi les « néo-populistes ».

    On pourrait voir dans le phénomène Grillo une résurgence du qualqunisme (8). Ce qui se déroule en Italie a souvent des répercussions en Europe. Observant les résultats du premier tour de la présidentielle française de 2012, le géographe chevènementiste Christophe Guilluy, auteur de Fractures françaises, estime qu’« au XXIe siècle, on doit tenir un discours à la fois sur la dimension sociale et identitaire. Quand vous ne tenez qu’un discours sur le social, vous restez bloqué dans les années 1980. C’est cela que Jean-Luc Mélenchon a payé dans les urnes (9) ». Or, en Italie, les appels de Beppe Grillo sont simultanément identitaires (il est contre la réforme prévue du code de la nationalité qui abandonnerait le droit du sang pour celui du sol, il refuse l’immigration de peuplement et soutient la fermeture des bases étatsuniennes), sociaux (il conteste l’inquisition fiscale, le primat des banques et les délocalisations) et écologiques (il défend un programme ambitieux de sortie du nucléaire et de développement des énergies renouvelables).

    Au lieu de célébrer une hypothétique union nationale avec des dignitaires droitards à l’esprit bourgeois, la « radicalité non-conformiste » devrait s’inspirer de Grillo et soumettre à la population des thèmes radicaux identitaires, solidaristes et écologiques. L’occasion est propice, surtout depuis que « la gauche n’est plus crédible sur la question sociale (10) ». Certains bons (et simples ?) esprits parleront d’« irréalisme intello ». Écartons d’une maine ferme leur jugement stupide et toutes leurs vieilles lubies modernistes, libérales et conservatrices. Les simplets du national-libéralisme auront alors beau jeu de crier au sectarisme et à la trahison quand la « Patrie » est en danger. Leur vision de la patrie n’est pas la nôtre. Abandonnons donc les chimères démodés et ouvrons avec une joie dionysiaque les portes du temple de Janus, car on sait que l’Hexagone sera, demain, la Grèce et, après-demain, la Bosnie des années 1990.

     

    Georges Feltin-Tracol (Europe Maxima, 1er juillet 2012)

     

     

    Notes

    1 : Minute, n° 2562, du 2 mai 2012.

    2 : Il importe cependant de distinguer les personnes qui ont appelé à voter pour le président sortant sans le moindre espoir de retirer un quelconque bénéfice de celles capables de réaliser à la base un « front des droites » dans une perspective tactique victorieuse pour les élections législatives. On y reviendra…

    3 : Françoise Fressoz, « Le coup de semonce de “ la France des invisibles ” », dans Le Monde, 24 avril 2012.

    4 : Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme 1885 – 1914, Le Seuil, coll. « Histoire », 1978.

    5 : Cf. Georges Feltin-Tracol, « Les trois erreurs de Charles Maurras », dans Flash, n° 71, le 28 juillet 2011, ensuite mis en ligne sur Vox N.-R., le 14 août 2011, toujours consultable.

    6 : Cf. Michel Bergès, Vichy contre Mounier. Les non-conformistes face aux années quarante, Économica, 1997.

    7 : En dépit d’une diffamation permanente orchestrée par les gras médias grecs et étrangers aux mains de l’hyper-classe mondialiste, L’Aube dorée résiste, ne perdant que 0,8 %, soit trois sièges en moins (18 au lieu de 21).

    8 : On appelle « qualunquisme » le mouvement « populiste » italien – le Front de l’Homme Quelconque – de Guglielmo Giannini (1891 – 1960), précurseur du poujadisme, qui exprimait la protestation des électeurs entre 1946 et 1949.

    9 : Entretien avec Christophe Guilluy, « Le second tour reste ouvert », dans Le Figaro, 26 avril 2012. Notons que Mélanchon a vu sa courbe dans les sondages commencer à diminuer après son discours de Marseille célébrant les mérites du métissage… Dans le même temps, sur les conseils avisés de son père Jean-Marie, Marine Le Pen revint sur les points fondamentaux du programme frontiste : l’immigration et les pathologies sociales qui en découlent. Le Front de Gauche a raté le tournant populiste comme en 1980 le P. « C.F. » de l’ineffable Georges Marchais le rata après avoir envoyé les bulldozers contre des foyers d’immigrés… La ligne nationale-communiste naguère défendue par Pierre Zarka a définitivement vécu.

    10 : Christophe Guilluy, « Le vote Marine Le Pen est, dans les faits, un vote de classe », dans Marianne, 28 avril – 8 mai 2012.

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  • Une sécession des élites ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Marc Crapez, cueilli sur le site de Marianne et consacré à l'installation du populisme dans le paysage politique français. Spécialiste de l'histoire des idées, Marc Crapez est notamment l'auteur d'un essai marquant intitulé La gauche réactionnaire (Berg, 1997).

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    Le populisme est imputable à la sécession des élites
     
    D’où provient l’émergence de partis populistes qui font des scores à deux chiffres? Le vieillissement de la population européenne, invoqué par certains, n’explique pas grand-chose puisque les «seniors» sont réticents à voter pour ces formations. Il faut chercher du côté de déséquilibres restés sans solutions et de questions restées sans réponses.
     
    Le populisme est l’exploitation systématique du rêve populaire de réalisation immédiate des revendications des masses, selon la définition de Guy Hermet. Il provient actuellement d’une situation où «l’équilibre ne se fait plus entre les élites et le peuple». A preuve, l’emploi à tort et à travers du mot populisme, sans qu’il ne soit jamais question de son contraire, l’élitisme, contient une part de défiance envers la souveraineté populaire.
     
    L’éclosion de partis populistes ne résulte pas seulement de la propagande orchestrée par une poignée de démagogues. Elle résulte d’abord de la récupération d’aspirations populaires récusées par un élitisme exacerbé. Cette «révolte des élites», selon la formule de Christopher Lasch, a déclenché l’offensive, rudoyé le corps social, disloqué le cadre politique national, creusé la distanciation sociale et les inégalités de traitement.
     
    Le populisme est le contrecoup de l’institutionnalisation de l’idéologie post-soixante-huitarde. L’attachement patriotique et les valeurs classiques ayant été brutalement jetés aux oubliettes, tant par la droite que par la gauche, il n’est pas étonnant que surgisse une offre politique de belle brocante.
     

    Relégation et dépossession démocratique

    Les élites estiment la France sans grand intérêt. Elles ne font plus allégeance au projet républicain, mais à l’Europe et la mondialisation. Cela renforce les doutes de la population et la fragmentation communautariste de la société. Les partis populistes offrent un refuge politique et une fraternité de substitution aux catégories de citoyens maltraités par les élites parce qu’ils se posent trop de questions face aux tensions engendrées par la mondialisation et le multiculturalisme à marche forcée.
     
    Une France délaissée par les pouvoirs publics et médiatiques éprouve un sentiment de relégation. Elle ressent un déni d’appartenance et d’inclusion qui peut la pousser vers le vote extrémiste dans une logique de réparation et d’égalité. Orpheline de la protection tutélaire d’un creuset français, elle réclame les cadres nécessaires à une cohésion nationale.
     
    A cette impression d’abandon s’ajoute celle d’une dépossession démocratique, d’une démocratie française insuffisamment fidèle à ses propres principes. Le populisme du 21ème siècle est une attente de débat démocratique sur des questions ou des aspirations évacuées à la hâte. Penser qu’il puisse y avoir trop d’immigrés, d’assistés ou de profiteurs serait non seulement faux, mais odieux et criminel. Le mariage homosexuel serait non seulement une bonne chose, mais une évidence uniquement contestée par des arriérés ou des sous-doués, etc.
     
    Une vision paternalisme impute le vote Front national à des crispations peureuses. En réalité, de même que les neuf dixième des électeurs de Jean-Luc Mélenchon trouvent qu’il y a beaucoup trop d’inégalités sociales et qu’il faut absolument faire quelque chose, les neuf dixième des électeurs de Marine Le Pen trouvent que l’on accueille trop d’immigrés et qu’il faut absolument agir. Ce ne sont pas des points de vue irrationnels. Preuve en est que nul ne s’aventurerait à soutenir qu’il n’y a pas assez d’inégalités sociales ou pas assez d’immigrés. Même si camper sur l’idée que la France accueille beaucoup trop d’immigrés peut conduire à des raisonnements erronés.
     
    Marc Crapez (Marianne2.fr, 22 juin 2012)  
     
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